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LES ASSASSINS DE L’HISTOIRE. Billet d’humeur de Jomy

LES ASSASSINS DE L’HISTOIRE.

 

Comme le disait le philosophe Bernard Salignon dans un de ses cours sur le bien public :

 

« Le bien public n’appartient à personne. A partir du moment où l’on décide qu’il appartient à tous, on le dépossède de sa fonction première, qui est d’être accessible à tout un chacun. » Et pour illustrer son propos il prenait comme exemple l’eau, un élément vital, gérée aujourd’hui par la multi -nationale Suez, qui s’enrichit sur ce bien qui par essence n’appartient à personne. Demain on peut penser que le soleil ou l’air seront dans le même cas. Et bien entendu c’est pour notre bien que l’on crée ces structures qui seront chargées de conserver ce que l’homme n’est pas capable de protéger… Oui il faut que le bien public n’appartienne à personne.

 

Un cas fort intéressant , est en ce moment, le sort réservé à la SNCF qui va être démantelée, entraînant la disparition de lignes peu « rentables », en un mot, mettre à bas une histoire bien plus que française.

 

La SNCF est très certainement plus qu’un service public c’est un bien public. Le bien public n’appartenant à personne la S.N.C.F. n’appartient donc, ni aux cheminots, ni à ceux qui veulent la gérer.
Car la S.N.C.F. est bien plus autre chose que le transport des voyageurs. C’est un monument historique élaboré par un ou plusieurs membres des familles vivant en France. Je suis originaire d’une famille d’Espagnol et déjà mon grand-père avait travaillé au 19eme siècle à la pose des rails. Loin d’être une exception, c’est plutôt la règle commune. J’aimerais savoir combien il y a de familles sans aucun participant à cet incroyable effort de liaison entre les hommes. Plus forte que les religions qui soi-disant sont là pour « relier les hommes », la voie ferrée à permis de donner aux 36 000 communes un désenclavement total et pour ses habitants une totale liberté de déplacement qui fait qu’on ne peut la considérer comme un service comme les autres.

 

Il n’y a qu’à se promener sur le réseau des chemin de fer français, pour admirer les œuvres d’art réalisées, et en même temps apprécier à sa juste valeur la quantité de travaux effectués pour que certaines lignes puissent voir le jour.

 

Et lorsque j’entends les hommes politiques prêts à s’émouvoir sur les catastrophiques destructions des mausolées de Tombouctou, eux qui sont capables d’un trait de plume, d’envoyer ad patres deux siècles d’histoire de la révolution industrielle française, je ne peux m’empêcher de penser que eux aussi devraient en répondre devant les tribunaux, pour avoir détruit un monument historique si particulier puisque toutes les familles en France ont contribué à l’élever. Il faut conserver, sauver « la gare » la classer comme monument historique vivant, pour pouvoir admirer la machine à vapeur, celle de « La bête humaine » et de « la bataille du rail, » rêver dans les trains de nuit, prendre les T.E.R., mais aussi pouvoir traverser la France en grande vitesse. C’est tout cela « la gare» que bien des pays nous envient.

 

Mais aujourd’hui des femmes et des hommes politiques se sont donnés pouvoir pour casser le train comme on jette un jouet qui a trop servi. Bientôt nous serons obligés de reconstruire les voies abandonnées au nom de la sainte rentabilité pour lutter contre la pollution automobile. Alors les mêmes qui avaient critiqué le rail viendront avec les même arguments nous expliquer qu’il faut le reconstruire. Ce n’est jamais que l’histoire des tramways qui se répète à l’infini, après les avoir détruits on les reconstruit à grand frais.

 

Que voulez-vous, entre faire et défaire c’est toujours travailler !

 

Nous vivons une époque formidable où pour assurer le luxe des plus riches l’état est prêt à toutes les turpitudes.

 

Jomy 19/02/2018