La Nouvelle République de Châteauroux -Publié le | Mis à jour le
La société allemande a transmis une offre à l’autorité de régulation des activités ferroviaires. Problème : les trains ne s’arrêteraient ni à Issoudun, ni à Argenton.
Avec l’ouverture du rail à la concurrence, certaines compagnies s’attaquent au monopole de la SNCF en France. C’est le cas de l’Allemand Flixtrain, qui gère également les Flixbus.
La société a postulé auprès de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) pour l’exploitation de cinq lignes, en France, dont le Paris-Toulouse.
Reprise des actions Dans son offre, la ligne joindrait Paris Bercy à Toulouse, en s’arrêtant uniquement dans les gares des Aubrais, Vierzon, Châteauroux, Limoges, Brive, Cahors, Montauban et Toulouse. Dans l’Indre, le train ne s’arrêterait donc ni à Issoudun, ni à Argenton-sur-Creuse.
Ce n’est qu’une offre, rien ne dit que le gouvernement l’acceptera. Cependant, elle laisse craindre un avenir bien sombre pour les petites gares de la ligne. « L’État s’était engagé à ce que cette ligne ne soit pas ouverte à la concurrence, rappelle Martine Irzenski, présidente du Comité de défense de la gare SNCF d’Argenton-sur-Creuse. Ce que propose Flixtrain, c’est catastrophique. Il faut se battre, sinon c’est évident que les gares intermédiaires vont être délaissées. »
Une évolution qui a été actée avec la loi de juin 2018, pour un nouveau pacte ferroviaire. « La mise en concurrence va être une catastrophe, les cheminots n’ont pas arrêté de le dire. Maintenant, la loi est votée et les élus font semblant d’être étonnés. »
« On laisse les pertes à l’État ou aux régions et on donne les bénéfices au privé, regrette la présidente. Les petites gares ne seront plus desservies. Il va falloir faire pression pour que le gouvernement n’accepte pas ça. »
Un coup difficile à encaisser, d’autant qu’il arrive après une série de nouvelles peu rassurantes pour les défenseurs de la gare d’Argenton. « On avait rendez-vous avec le préfet chargé des transports, auprès du Premier ministre, la semaine dernière. Il nous a parlé des travaux sur la ligne, avec cinq heures quotidiennes d’interruption de la circulation, d’ici la fin de l’année, et sans doute neuf heures par jour en 2021, révèle Martine Irzenski. Cette interruption concerne tous les trains, Intercités et TER. Je trouve que ces choix se font au mépris des usagers de la ligne. »
Le comité a d’ailleurs décidé de se relancer dans le combat. « Nous allons reprendre les actions Stop-train, mardi 25 juin, puis toutes les trois semaines. »
réaction
« Si un tel projet arrivait à terme, il serait l’encouragement, par ce gouvernement, de la libéralisation et de l’ouverture à la concurrence à tout prix », souligne André Laignel, maire d’Issoudun et 1er vice-président de l’Association des maires de France. « Un tel projet, en rupture avec les territoires, nierait le rôle essentiel d’aménagement du territoire avec encore moins de services publics pour les populations de nos bassins de vie dont celui d’Issoudun et d’autres villes moyennes… Assurément, la notion d’intérêt général ne participe pas de la réponse de la compagnie Flixtrain car elle créerait et institutionnaliserait des territoires de seconde zone, une rupture d’égalité entre nos territoires. Cela est inacceptable ! »
Dans l’Indre, les trains ne s’arrêteraient plus qu’à Châteauroux.
© (Photo archives NR, Thierry Roulliaud)