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L’ARBRE QUI « CASH » LA FORÊT !

Les comptes 2023 du  groupe SNCF sont  désormais connus. Le chiffre d’affaires est  annoncé à 41,8 milliards  d’euros (contre 41,4 en  2022). Le résultat net est de 1,3  milliards d’euros (contre  2,4 en 2022).  Au-delà du satisfecit de la  direction, ces résultats  doivent être analysés notamment à la lumière du  désengagement de l’État,  des plans de  performances, du  développement de la  polyvalence et de la  productivité de toutes les  cheminotes et tous les  cheminots

S’il on peut se féliciter de l’engouement pour le transport ferroviaire, nous savons également combien cet accroissement provoque des  tensions dans le quotidien des usagers et des cheminots.

Les capacités de production et la robustesse de l’exploitation ont été  fortement mis à mal ces dernières années. Les moyens ont été  réduits et l’entreprise fortement désorganisées par les multiples  découpages et réorganisations.

Derrière ces difficultés, ce sont des usagers qui ont bien du mal à  accéder aux trains, subissent les dysfonctionnements dans une  jungle tarifaire qui voit les tarifs s’envoler.

Les luttes menées ces derniers mois ont d’ores et déjà permis  d’infléchir la courbe des effectifs. Pour La CGT, cela reste insuffisant  pour répondre aux besoins de la population, aux exigences du service  public et à l’amélioration des conditions de travail des cheminots.

La situation est alarmante tant pour le matériel roulant avec des  calendriers de livraison qui s’allongent que pour les travaux  d’infrastructures aux perspectives lointaines.

Cette situation émane des différents plans dit de « performances » ou plutôt de productivité mis en œuvre depuis plusieurs années et  singulièrement depuis la réforme de 2018.

Cette réforme a placé la SNCF dans une trajectoire financière  contrainte pour satisfaire aux attentes d’un gouvernement libéral qui  organisait dans le même temps la libéralisation généralisée du  transport ferroviaire et le projet de mise à mort de Fret SNCF.

Les plans de productivité se succèdent et atteignent plusieurs  centaines de millions d’euros par an (possiblement environ 700 millions d’euros pour 2023).

Des plans de productivité qui s’appuient notamment sur l’accord  classification-rémunération permettant d’accroître la poly-compétence et transformant profondément les métiers et les  conditions de travail des cheminots permettant à la direction de  réaliser des économies.

Des plans de productivité qui ont également abouti à la réduction  des programmes de maintenance et d’investissements, à  l’affaiblissement des capacités industrielles sur l’autel de la  rentabilité.

L’ÉTAT SE DÉSENGAGE… LES CHEMINOTES ET LES CHEMINOTS EN  PAYENT LE PRIX !

La SNCF participe de manière importante au financement de la régénération du  réseau ferroviaire à travers le fonds de concours mis en place dans le cadre de la  loi de 2018. En 2023, c’est ainsi près de 1 milliard d’euros qui a été affecté à ce  dernier. En 2024, ce montant devrait encore augmenter.

Une contribution néanmoins insuffisante au vu des travaux à réaliser. Dans le cadre  du « plan d’avenir pour les transports » présenté médiatiquement il y a un an, l’État  sollicite encore davantage la SNCF !

C’est donc la SNCF, sur ses seuls résultats, produits par le travail des cheminots,  qui vient assurer le financement de la régénération du réseau ferré national,  propriété de l’État, dans un marché que le gouvernement a décidé d’ouvrir à la  concurrence !

Des moyens qui manqueront à la SNCF pour mieux assurer ses missions, améliorer  la qualité de service vis-à-vis des usagers et des chargeurs et répondre aux fortes  attentes d’amélioration des conditions de travail et sociales des cheminots.

Il y a quelques jours, le ministre de l’économie a annoncé 10 milliards d’économie  sur le budget de l’État. Ce sont de plus de 2 milliards d’euros qui sont amputés du  budget « écologie, développement et mobilité durables ». Un véritable scandale !

À l’heure où les enjeux environnementaux sont au cœur du débat public, rien ne  pourra se faire sans des financements à la hauteur de telles ambitions.

C’est pourquoi, la Fédération CGT des Cheminots continue de porter les ambitions  nécessaires au développement du transport ferroviaire public Voyageurs et Fret.

L’État doit non seulement assumer ses responsabilités en termes de report modal  en mettant en place des politiques favorables au transport ferroviaire mais  également contribuer davantage au financement du système dont la responsabilité  ne peut peser sur le Groupe SNCF et donc sur les cheminots.