Vendredi 31 janvier 2020-01-29
Rassemblement gare de Toulouse-Matabiau
Assez de vous faire plumer par les marchands et les technocrates ?
Marre de vous faire bouffer à la sauce numérique ?
Vendredi 31 janvier, à Toulouse,
des usagers en colère contre la direction de la SNCF
(et solidaires de celles et ceux qui luttent)
vous invitent…
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Entrée : dans la gare Matabiau, seul ou par petites grappes, entre 16h30 et 17h, comme pour prendre le train.
Plat de Résistance : voyage artistique et politique en hall de gare, sur son lit d’ondes wi-fi.
Dessert : réunion publique à 18h30, au café L’Itinéraire-bis (22, rue Périole), sur la liquidation des guichets de gare et la destruction plus générale des services publics par la numérisation.
La SNCF veut en finir avec les guichets (et les guichetières) et basculer toute sa billetterie sur Internet. Elle supprime aussi du personnel à bord des trains et prévoit
pour 2025 des rames sans conducteur. Au-delà des questions de statut et de retraites, c’est donc une véritable guerre sociale que la direction mène aux cheminots,
comparable à ce qui s’est produit à France Télécom il y a vingt ans. Cette politique de dés-humanisation systématique de l’entreprise a aussi des conséquences catastrophiques pour nous, usagers.
De manière générale, il devient de plus en plus difficile dans tous les services publics de trouver des agents en chair et en os, capables de nous expliquer quelque chose de vive voix, de s’adapter à notre situation, de résoudre un problème que nous rencontrons par la faute de leur organisation. Le numérique est un instrument essentiel des privatisations. Il est aussi un moyen idéal pour les élites dirigeantes de nous priver de toute autonomie (mentale et matérielle), que ce soit comme travailleuse, comme consommateur, comme être humain.
Peut-on ébranler la Macronie, et son flot de réformes scélérates, sans attaquer de front le cœur de son projet, la numérisation de l’État et de la société, l’invasion de tous nos espaces de vie et d’échange par Internet et les Gafam ? Et comment s’y prendre ? Usagères, salariés (nous le sommes tous à tour de rôle), parlons-en.
À guichets fermés
Nous venons protester ici contre la disparition programmée des guichets au profit de la billetterie par Internet.
Dans beaucoup de campagnes cette politique signifie depuis longtemps la disparition de tout interlocuteur humain dans des gares fantômes. Dans les grandes villes aussi, des postes de vendeurs au guichet sont massivement supprimés – de plus en plus vite ces derniers mois.
Ce n’est pas la S.N.C.F. qui s’adapte ainsi à un changement d’habitude des voyageurs, à une évolution spontanée de la société. C’est la S.N.C?.F., comme tous les services ou anciens services de l’État, qui veut faire évoluer la société à marche forcée vers le tout-numérique.
Cette politique vis-à-vis de la billetterie n’est qu’un élément parmi d’autres d’une transformation globale de l’entreprise dans le sens de la déshumanisation :
$ Suppression des « chefs de bord » sur les lignes de T.E.R., ce qui laisse les conducteurs seuls sur la rame avec tous les voyageurs et tous les aléas du trajet (voir l’accident du 16 octobre derniers dans les Ardennes) ;
$ Priorité donnée aux T.G.V., sur les liaisons moins rapides et moins coûteuses en énergie ;
$ Marchandisation des grandes gares, qui deviennent de vastes centres commerciaux ;
$ Mise en place de barrières à l’entrée des quais, ne laissant passer que les personnes munies de billets et empêchant notamment les voyageurs d’être accompagnés par des proches jusqu’à leur wagon.
Nous dénonçons l’ensemble de cette évolution qui fait augmenter les profits en dégradant le service et en restreignant les libertés – par exemple, la liberté de voyager en train de manière anonyme qui allait de soi au XXe siècle et qui disparaît avec les billets nominatifs et le paiement en ligne. La direction de la S.N.C.F. et les gouvernements successifs sont tout simplement entrain de détruire le train comme moyen de transport accessible et populaire. Pour cela, il leur faut laminer les salariés, dont le statut est précarisé et dont le travail perd tout sens, à l’image de ce qui s’est produit en France Télécom au début des années 2000.
Nous appelons cheminots et usagers à agir ENFIN ENSEMBLE, dans leur intérêt commun, contre cette logique de marchandisation-numérisation. Défendons-nous par l’entraide et la désobéissance.
Il est clair que le remplacement des contacts directs entre usagers et employés des services publics par des interfaces numériques n’est pas propre à la S.N.C.F.. C’est une tendance lourde, que l’Etat encourage par tous les moyens : le gouvernement actuel s’est fixé pour objectif le basculement de tous les services publics sur Internet pour 2021 (…).
Partout, il devient de plus en plus difficile de trouver des agents de l’administration en chair et en os, capables de nous expliquer quelque chose de vive voix, de s’adapter à notre situation particulière, de résoudre un problème que nous rencontrons par la faute de leur organisation. Le numérique est non seulement un instrument essentiel des privatisations, mais il est aussi le triomphe de la bureaucratie.
À la Sécu, à la C.A.F., au Pôle Emploi, face au fisc, nous sommes perdants : les salariés sont mis sous pression, ou leur poste supprimé ; les usagers sont mis au travail devant leur écran, et ils se font moins bien servir (pour parler très poliment). Surtout, il y en a qui sont évidemment plus perdants que d’autres. La numérisation des services de base rend la vie des pauvres encore plus infernale, encore plus absurde. Elle met en difficulté des catégories de population qui n’en avait pas besoin : ruraux mal connectés et éloignés des guichets restants, personnes âgées mal équipées en informatique, précaires mal à l’aise avec les écrans et les claviers, étrangers maîtrisant mal le français.
Il est temps de faire le lien entre notre addiction aux smartphones, aux réseaux sociaux, etc., et cette destruction à la hache de ce qui restait de protection sociale, de redistribution économique, à travers les services publics – malgré tous les défauts qu’ils présentaient. Il n’y aura pas de changement social sans une remise en cause frontale de l’informatique au travail, dans la consommation, dans nos rapports avec nos proches aussi bien qu’avec l’administration.
Refusons que toute la vie sociale soit organisée autour d’Internet !
Débranchons-nous, autant que faire se peut.
NON À LA START-UP-NATION