Mercredi 16 novembre 2011 à Gourdon
Assemblée générale de Tous ensemble pour les gares (TEPLG) dans la salle des Pargueminiers. Les actions vont continuer. La gare de Dégagnac pourrait ne plus être desservie ; ils proposent donc d’organiser un comité d’accueil pour défendre les arrêts. Il y aura moins de TER, moins de tarifs préférentiels ; ils vont donc appeler les jeunes pour les mobiliser et aller dans les conseils municipaux des jeunes pour discuter avec eux.
« Tout est fait pour que les gens prennent leur voiture, il y a des TER trains et des TER cars par exemple ».
Vendredi 2 décembre 2011 à Dégagnac (46)
La gare de Dégagnac n’a jamais vu une telle foule, plus de 200 personnes parmi lesquelles de nombreux élus arborant leur écharpe tricolore, venue, à partir de 17h 30, accueillir le TER Cahors Brive qui devrait être l’avant dernier.
Après avoir laissé descendre les 15 passagers, essentiellement des adolescents et quelques adultes travaillant à Cahors, Mado Blanc, maire de Dégagnac, a été la première à s’exprimer : « J’ai eu cet après-midi au téléphone un interlocuteur de la Région en charge des transports. On nous propose à partir du 11 décembre, dans le sens Brive Toulouse un train du lundi au vendredi à 7h53 au lieu de 6h53 ; du mardi au vendredi un autre train à 11h53 : à part pour aller faire les soldes, je ne vois pas son utilité ! Un train Toulouse Brive le lundi à 9h05, le vendredi à 17h30. Nous aurions aussi un autocar Brive-Cahors qui s’arrêterait à Dégagnac du lundi au vendredi à 19 h 25. Dans tous les cas ces horaires sont inadaptés. La SNCF m’oppose que les quais de cette gare sont trop courts. S’ils sont trop courts pour un train, pourquoi ne le sont-ils pas pour les autres ? »
Serge Laybros et Marie Piqué, élus PC de Cahors, avaient fait le voyage en TER. Serge Laybros s’est exprimé sans ambages : « Nous avons mis 4 ans pour récupérer 13 arrêts, nous allons recommencer. Obliger les gens du canton qui travaillent à Cahors à prendre leur véhicule n’est pas en conformité avec les objectifs affichés de développement durable ». Il était sans ambiguïté, au départ du train un quart d’heure plus tard, que le collectif « Tous ensemble pour les gares » reprenait du service dès la semaine prochaine.
Mardi 6 décembre 2011 à Toulouse
Martin Malvy, président de la Région, rappelle être intervenu à deux reprises déjà auprès du directeur régional de la SNCF, pour lui demander le maintien des arrêts en gare de Dégagnac compte tenu de leur intérêt pour les scolaires « J’ai demandé à la SNCF de tout mettre en œuvre pour rétablir le niveau et la qualité de dessertes dont les usagers des gares de Gignac et Dégagnac bénéficiaient jusqu’à présent ».
Vendredi 9 décembre 2011 à Dégagnac (46)
Dégagnac victime du cadencement voulu par Nicolas Sarkozy réagit et a d’ores et déjà regagné un arrêt.
Un record de fréquentation pour cette petite gare réduite à 2 quais et un minuscule abri : 200 manifestants ont accueilli le TER qui devait être le dernier du vendredi, l’avant dernier de son existence. Après le blocage d’une dizaine de minutes du train, favorable à la discussion sur le quai et dans les voitures, Yves Bialgues, président de l’Association « Tous ensemble pour les gares » qui a initié l’action, donne la parole à Madame le maire de Dégagnac qui fait le point sur la situation :
Refus de tout dialogue de la part de la SNCF, tandis que les hauts responsables élus, régionaux et départementaux font le dos rond. Donc comme prévu :
– Suppression du TER du soir Cahors-Brive tous les jours du lundi au samedi, sauf le vendredi (la vive réaction a déjà permis le rétablissement de celui-ci pour permettre le retour des élèves internes dans des écoles de Cahors)
– Changement d’horaire du TER du matin : de 7 heures le passage est retardé à 8 heures. Aucun des usagers n’est plus intéressé, l’arrivée à Cahors étant trop tardive. D’où l’obligation du recours à la voiture.
– Arrêt d’un nouveau TER vers 11 heures en direction de Cahors (quel intérêt ?)
– Pour ceux qui voudraient malgré tout prendre le train le soir, ils utiliseront le TEOZ jusqu’à Gourdon d’où un car affrété par la SNCF les ramènera à Dégagnac (voire des taxis si pénurie de car). Le voyage durera une heure de plus.
Ce tableau dressé, Yves Bialgues lance la discussion sur les actions à venir.
D’ores et déjà, entre Cahors et Dégagnac, les usagers présents dans le TER qui bénéficient d’un abonnement avec aide de la région (non valable hors TER) ont décidé unanimement de refuser de payer le surcoût occasionné par la prise du TEOZ. Il leur a été conseillé de se regrouper dans une même voiture s’il devait y avoir problème avec un contrôleur.
Comme le TEOZ Toulouse-Paris arrive « en marche prudente » il est décidé que la première action sera son blocage.
Chose faite et bien faite, il est décidé à l’unanimité des manifestants, que tous les vendredis ces deux actions, blocage du TER puis du TEOZ, se reproduiront en gare de Dégagnac.
Rendez-vous donc tous les vendredis, au plus tard à 17h 15 à la gare de Dégagnac.
Cette action sur le TER ne se substitue pas à celle pour le rétablissement de l’arrêt des 2 TEOZ du samedi, alternativement à Gourdon et Souillac.
Mardi 13 décembre 2011. Gare de Cahors et Lycée
La dépêche du midi mène l’enquête.
Les changements d’horaires ne font pas l’unanimité. Dans le Lot, des usagers témoignent des changements que cela induit dans leur quotidien.
Elle se lève plus tôt tous les matins et rentre plus tard le soir. Valérie Durand prend le train depuis 20 ans, et se désole de cette situation. « Je pars de Gourdon à 7h47 pour me rendre au travail à Cahors, avant je partais à 8 h12. Le TER de 17h30 est supprimé le soir. À présent, il faut prendre le TEOZ de 17 h 50 avec une réservation en plus. Avant l’abonnement travail, Gourdon/Cahors coûtait 60 euros, il passe à 75 euros, c’est le bouquet ! » confie-t-elle. Ces changements impactent directement sur la vie personnelle regrette-t-elle. « Ce qui me gêne, c’est que nous, usagers, nous n’avons pas été concertés sur ces modifications. Si on a choisi de vivre à la campagne, c’est pour avoir une certaine qualité de vie. On parle de développement durable et on nous supprime 4 TER, et nous, il faut qu’on se débrouille. Le service public continue de se dégrader ».
C’est le même plan galère pour Daniel Rakotoarison, qui prend le train tous les jours. « J’habite à Concorès. Je prenais le train à Gourdon ou Dégagnac qui n’existe plus. Au niveau des horaires, j’ai un décalage d’une demi-heure plus tôt tous les matins, et vingt minutes plus tard le soir car désormais, on nous oblige à prendre un TEOZ, ça fait une augmentation de 20 % sur mon abonnement travail. Je suis en train de réfléchir si je le garde en 2012. Je vais calculer s’il n’est pas plus profitable pour moi de venir à mon travail à Cahors avec mon véhicule ». Hier matin, Mireille Pabois qui réside à Salviac s’est rendue à Gourdon pour prendre le train de 6 h 47. « Sur place on m’a dit qu’il n’y en avait pas pour des raisons techniques. Beaucoup de lycéens attendaient. Je me suis rendue au travail avec ma voiture. Veut-on sacrifier les petites communes ? » interroge-t-elle.
Le chiffre : 15
Euros > Abonnement. C’est le prix à payer en plus par mois pour prendre le TEOZ Gourdon/Cahors.
Gros souci pour les lycéens
Hier matin, confie Claudine Deleris, conseillère principale d’éducation au lycée Clément Marot à Cahors, nous avons eu des soucis. « Des élèves de Gourdon et Souillac sont arrivés en retard, leur train est arrivé en gare à 8 h 13, les cours commencent à 8 heures. Quand c’est ainsi, ils doivent se rendre en permanence, ils perdent une heure de cours » indique-t-elle. Certains élèves font l’arrêt et retour chaque jour. « Des élèves qui habitent Dégagnac ont été amenés par leurs parents, mais est-ce que ça va durer ? ».
Vendredi 16 décembre 2011. Dégagnac
Accueil du premier TER Cahors-Brive qui était annoncé comme supprimé par la SNCF à l’occasion du grand chambardement de 12 décembre et que l’action impulsée par l’Association « Tous ensemble pour les gares » a regagné.
Dès 17 heures de très nombreux protestataires se retrouvent près des quais (la gare est définitivement fermée), 200 environ quand arrive le train avec 20 minutes de retard : à Cahors le nombre de candidats à l’accès était le double de la capacité du petit TER (ne riez pas). Donc ces 20 minutes pour trier ceux qui accèderont au TER et ceux qui prendront le TEOZ suivant.
Après l’accueil joyeux du « Sauvé » retenu quelque peu pour le plaisir de tous, c’est l’arrêt imposé du TEOZ.
C’est alors le temps du bilan.
Dans la semaine le Conseil Général du Lot a voté à l’unanimité moins 2 voix la demande auprès de la SNCF du rétablissement du service comme avant le « big bang », le Conseil Régional défend la même position.
Le temps de la négociation, toute manifestation à Dégagnac est suspendue. Toutefois si la SNCF ne cède pas dès le premier lundi de la rentrée le premier TER du matin sera arrêté pour permettre aux collégiens et lycéens de se rendre à Cahors, sans avoir à utiliser le service automobile familial.
Samedi 17 décembre 2011. Gare de Gourdon
Rassemblement pour obliger à l’arrêt les 2 TEOZ. FR3 Midi-Pyrénées est là pour la couverture qui a été parfaite puisque 2 reportages ont été diffusés samedi midi, le premier sur FR3 Midi-Pyrénées, le deuxième au 12/13 national, en ouverture du Journal illustrant le thème de l’illustre SNCF.
Mardi 3 janvier 2012. Dégagnac, premier arrêt rétabli du TER de 6h 50
La SNCF a cédé et restitue tous les arrêts du matin.
Belle ovation de la centaine de présents à l’arrêt du train et comme depuis la rentrée de septembre, les 7 usagers du voisinage de Dégagnac réutilisent ce moyen de transport indispensable dont ils avaient été « privés » depuis le 12 décembre.
Mais victoire modeste car si le TER suivant de 7h50 s’arrête ce jour (2 usagers aujourd’hui) ça risque de ne pas durer puisque la SNCF prévoit de substituer les arrêts de l’un à l’autre des TER.
Mais victoire amère car un seul TER du soir Cahors-Brive est rétabli celui du vendredi
Et chiche que vendredi prochain se reproduise le scénario du 16 décembre : retard de 20mn, le temps de sélectionner sur le quai de Cahors 50% d’usagers pouvant ou devant accéder au TER, les 50% restants priés de prendre le TEOZ suivant.
Les faits sont-là : les « responsables » de la SNCF osent supprimer les arrêts du train du matin le plus fréquenté par les abonnés et réussissent presque, les « responsables » de la SNCF prétendent inutile un TER du soir fort emprunté.