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Dimanche 2 juillet 2017 – Le voyage ubuesque du premier TGV inoui Océane Paris Toulouse

Il devait être le premier inoui à relier Paris à Toulouse en un temps record, 4 h 19 grâce à l’ouverture de 302 km de ligne à grande vitesse (LGV). Ce premier TGV Atlantique ouvert au public aura finalement mis plus de 9h, plus de temps qu’un Intercité.

L’affaire avait pourtant débuté en grande pompe dimanche matin, à la gare Montparnasse, avec fanfare et nuée de caméras pour un départ à 8h52.

Passage sur la nouvelle portion à grande vitesse à 320 km/h. Larges espaces dans la nouvelle rame Océane, Wi-fi à tous les étages. Toutefois le caviar c’était la veille pour le train inaugural.

Arrivée à Agen à 12h 04.

Alors là… le train reste mystérieusement immobilisé. Instant de fébrilité au sein du personnel, où l’on murmure que le train précédent serait en panne aux environs de Montauban. Un retard de vingt minutes est d’abord annoncé, puis se transforme rapidement en «durée indéterminée». Les passagers se veulent d’abord conciliants et prennent la chose avec humour. L’un d’eux, un costaud, se propose même de «pousser le train à main nue jusqu’à Toulouse».

Panne de pantographe

Après quelques atermoiements, l’origine du retard est enfin dévoilée aux passagers. L’Intercités Bordeaux – Marseille, a stoppé net en rase campagne sur la même voie, aux environs de Montauban : panne de pantographes. Or les pantographes sont très utiles : ils captent le courant électrique en se frottant aux caténaires. Blocage total.

«On n’a pas le choix, explique un agent de la SNCF. Une machine doit venir le tracter jusqu’à Montauban.» Seul problème : la manœuvre demande le concours d’un conducteur spécifique. Une denrée rare le dimanche, jour d’astreinte pour les employés de la SNCF. Il faudra près de deux heures pour que le train de secours arrive à destination. Trois de plus pour dégager la voie et permettre le passage du TGV.

Du côté des passagers, l’attente s’éternise. Faute de mieux, certains optent pour le système D. «Mon fils passe le bac français demain, explique la mère du jeune Loris. On a donc préféré demander à une amie de venir nous chercher en voiture.» D’autres choisissent le covoiturage ou un taxi partagé à plusieurs. Ceux qui doivent rester n’ont pas d’autre choix que de prendre leur mal en patience. Parfois, les esprits s’échauffent à l’encontre du personnel de bord, qui explique qu’il «n’y peut rien».

Un vrai fiasco pour ce lancement qui se devait idéal pour un chantier titanesque, dont l’origine remonte au début des années 1990 et qui aura coûté près de 9 milliards d’euros.

«Toute cette débauche de technologie, c’est l’arbre qui cache la forêt, s’indigne Ludovic, un cheminot retraité qui a travaillé 33 ans à la SNCF. Le réseau ferroviaire se casse la gueule. Cela ne sert à rien de dépenser des milliards pour le TGV si l’on est incapable d’entretenir le reste.» Un avis que ne partagent pas certains élus de la région, pour qui le prolongement de la LGV jusqu’à Toulouse prévu en 2024 est synonyme de désenclavement et de croissance économique. Si les trains arrivent à l’heure, bien sûr.

 

D’après La Dépêche